Gaston La Touche, L'Enfant prodigue


Gaston La Touche (1854-1913). L'Enfant prodigue, 1911. Huile sur toile, 165 x 205 cm. MUBa Eugène Leroy, Tourcoing

Chaque fin de semaine, la haute société parisienne se pressait aux « dimanches de Saint-Cloud », répondant à l’invitation de madame Jacqueline La Touche, la délicieuse épouse du peintre Gaston La Touche.
Dans la propriété familiale, on recevait toutes sortes d’invités de marque qui, de Raymond Poincaré à Edmond Rostand, avaient fait le renom de ces rendez-vous mondains.
Pascal, le fils du peintre, se remémorait : « Tout ce monde évoluait à Saint-Cloud avec grâce et gentillesse. On y donnait des concerts, on récitait de la poésie… »

La Touche apparaissait peu, préférant se réfugier avec ses amis dans l’atelier qu’il s’était fait construire dans son jardin. Néanmoins, le spectacle des réceptions, les attitudes des convives qu’il pouvait observer à loisir depuis son atelier, apportaient toutes sortes d’enrichissements à ses extraordinaires compositions.
En 1908, une rétrospective de son œuvre fut organisée à la galerie Georges-Petit, marquant le sommet de sa carrière.
Cinq ans plus tard, en 1913, La Touche mourait brusquement d’une péritonite, à l’âge de 58 ans.
Tout au long de sa carrière, l’inépuisable travailleur avait dû lutter contre une critique parfois désemparée devant son imagination prodigieuse.
Par ailleurs, les couleurs stridentes de ses compositions furent difficilement acceptées par ceux qui, comme Jacques-Émile Blanche, se voulaient les héritiers d’une esthétique typiquement française incarnée par Corot, Manet ou Fantin-Latour.
Il reste qu’en une vingtaine d’année, Gaston La Touche créa une œuvre inouïe, sans pareille parmi celles des artistes de son temps.